INFORMATIONS MONDIALES

Le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle sous pavillon de l’OTAN pour une nouvelle aventure contre la Russie

Il s’avère que j’ai reçu des éditions Delga un livre d’histoire – qui se lit comme un roman – et qui parait une illustration de ce qui se passe aujourd’hui. Il s’agit de l’attitude et des actions du gouvernement français durant une période de deux ans et deux mois, de mars 1917, date de l’effondrement de la monarchie russe, à avril 1919, date de la fin de l’intervention militaire française dans le sud de la Russie. Les capitalistes français qui ont toujours eu un intérêt pour la Russie, intérêt qui se traduit par des attitudes contradictoires capables de rompre les tentatives d’isolement de ce pays et de l’attaquer à la tête de coalitions suspectes, dans ce cas ont pris le parti de Kerensky contre les bolcheviques avec une ardeur attisée par le refus d’assumer les obligations tsaristes, de reconnaitre les investissements massifs dans l’industrie et la banque russe. Malgré certaines voix qui incitaient à la raison comme celle de Édouard Herriot et d’autres y compris dans l’État-major, au milieu de l’été 1918, le gouvernement français et ses principaux alliés s’engagèrent dans une politique d’intervention que décrit ce livre passionnant. On s’y croirait, à la seule différence près que nous sommes aujourd’hui plus encore dans le grotesque et l’irresponsable. Je vous ai promis un compte-rendu de ce livre pour le mois de mai, mais rien ne vous empêche d’en commencer la lecture, ce qui vous permettra d’apprécier à sa juste valeur cette description de notre tartarinade du moment. Certes la Russie de Poutine n’est pas l’URSS, mais ce que l’OTAN et la bourgeoisie française parfois la plus bête du monde avec notre social démocratie, veut “défendre» est indéfendable.

Danielle Bleitrach

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OTAN – L’aigle s’envole du nid. La mission de l’OTAN Akila, qui signifie «aigle» en roumain, débute ce lundi 22 avril pour environ six semaines en Méditerranée. Le groupe aéronaval, composé notamment du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle qui se remet de huit mois de travaux, appareillera de Toulon avec à son bord au moins 3000 marins.

Mais, fait inédit, il sera pendant deux semaines engagé sous commandement de l’OTAN. Un symbole de l’engagement renforcé de Paris auprès de l’Alliance atlantique face à la Russie. L’annonce de cette opération très particulière avait créé la polémique du côté de certaines formations politiques défiantes envers l’OTAN. «Tristesse, vassalisation affichée», avait commenté sur X le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon.1

«La France ne perd jamais le commandement de ses forces placées sous pavillon de l’OTAN. Nous sommes souverains. Notre porte-avions sera le fer de lance de cette mission conduite avec nos alliés», avait alors répondu agacé le ministre des Armées Sébastien Lecornu.

Le XV de l’OTAN en Méditerranée

Ce n’est pas la première fois que le porte-avions participe à des exercices et opérations de l’OTAN, mais il était jusqu’ici toujours sous contrôle national. Cette fois-ci, le fleuron de la marine française évoluera du 26 avril au 10 mai sous la tutelle de StrikforNato, l’un des états-majors tactiques de l’OTAN. Basé au Portugal près de Lisbonne et spécialisé dans les opérations en Méditerranée, il est sous le commandement d’un amiral américain, également commandant de la sixième flotte des États-Unis, expliquent nos confrères du Monde.

«C’est la première fois que l’on place le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle et l’ensemble de son escorte, dont un sous-marin nucléaire d’attaque, sous le contrôle opérationnel de l’OTAN pendant 15 jours», souligne à l’AFP le vice-amiral français Didier Maleterre, numéro deux du commandement maritime de l’OTAN.

Le Charles de Gaulle ne sera pas seul pour cette mission puisqu’il rejoint d’autres bâtiments, américains, grecs, espagnols, italiens et portugais. En tout, quinze nations seront représentées. Avant lui, les États-Unis avaient déjà placé un de leur porte-avions sous contrôle opérationnel de l’OTAN en 2022, pour la première fois depuis la Guerre froide, tandis que les Britanniques l’ont fait en 2023.

Remise à niveau avec les alliés

Concrètement, même si le porte-avions est sous commandement de l’OTAN, cela ne veut pas dire que les marins français vont être remplacés par des marins étrangers et que le vaisseau sera confié à l’Alliance. Cela signifie simplement que cette dernière décidera des actions tactiques à mener

«Ce détachement est un moyen de faire du signalement stratégique auprès de l’OTAN, mais c’est aussi une vraie recherche d’interopérabilité avec les alliés», décrypte pour Le Monde Héloïse Fayet, chercheuse à l’Institut français des relations internationales.

La mission permettra à la France «de rentrer dans le rang en se mettant au même niveau que nos alliés. On va aussi beaucoup apprendre», a estimé le commandant du groupe aéronaval français, le contre-amiral Jacques Mallard.

Mais pour ceux qui s’inquiéteraient de cette collaboration rapprochée entre le fleuron de la marine française et l’OTAN, le vice-amiral français Didier Maleterre assure qu’à «tout moment on peut récupérer le mandat, et en un claquement de doigts récupérer le commandement national en cours d’opérations si nécessaire».

Regagner en crédibilité et faire passer un message à la Russie

Cette mission Akila est une activité de vigilance opérationnelle qui vise à «renforcer la posture défensive et dissuasive de l’OTAN, contribuer à la sécurité collective et soutenir les opérations visant à favoriser la stabilité régionale», explique le ministère de la Défense sur son site.

Sur le plan diplomatique, cette mission «est un message vis-à-vis des Russes. Face à la menace qui croît, le fait d’être efficaces collectivement prime», commente auprès de l’AFP Pascal Ausseur, directeur général de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques. En parallèle, la France a multiplié récemment les déclarations fortes à l’égard de Moscou, Emmanuel Macron ayant notamment appelé mi-mars à une «défaite de la Russie».

«Il y a un tournant assez significatif dans l’approche française», souligne Robert Pszczel, ancien responsable à l’OTAN et chercheur au Centre for Eastern studies. «À Bruxelles, les alliés regardent tout cela de très près, et plus il y aura de gestes concrets comme celui-ci, plus forte sera leur perception d’un changement français crédible».

La France contre la Russie soviétique

Au sortir de la Première Guerre mondiale, l’intervention antisoviétique fut avant tout motivée par l’étranglement de la contagion bolchevique. La France, comme treize autres puissances, à des degrés divers, y eut sa part.

D’abord de manière indirecte en Sibérie, en cornaquant la légion tchèque, puis après la réouverture de la mer Noire avec l’armistice de 1918, de manière directe, moyennant l’envoi de troupes françaises. Michael Jabara Carley montre, en nous immergeant dans les archives françaises, qu’il s’agissait alors de s’emparer de l’Ukraine et du Donbass, d’une part pour priver les bolcheviques de l’accès aux zones céréalières et minières afin de provoquer l’effondrement de ceux-ci et, d’autre part, de faire main basse sur cet immense réservoir de ressources à exporter vers la France à un prix fixé par celle-ci : en le «colonisant».

Ces plans initiaux durent constamment être revus à la baisse (jusqu’au fiasco final après les mutineries des soldats français) du fait d’un faisceau de variables sous-estimées lors de cette intervention : absence totale de soutien à celle-ci de la population russe ; troupes françaises récalcitrantes à se faire tuer en combat – tant des prolétaires russes afin de sauver les intérêts de la bourgeoisie française, après déjà plus de quatre années de boucherie à son service ; contamination galopante de ces troupes par le bolchevisme ; opinion publique française remontée contre cette intervention juste après la dévastation de la guerre mondiale ; absence de fiabilité des troupes alliées «russes blanches» et sans base populaire, au contraire de l’Armée rouge dévouée et disciplinée.

«Il est arrivé ce qui devait arriver – l’échec complet d’une aventure ridicule». Général P.-H. d’Anselme, commandant des troupes françaises et alliées en Russie méridionale en 1919, au général Berthelot.

source : Histoire et Société

https://reseauinternational.net/le-porte-avions-nucleaire-charles-de-gaulle-sous-pavillon-de-lotan-pour-une-nouvelle-aventure-contre-la-russie/

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